L’objet de cette recherche est la «ville des courtes distances» qui émerge dans les débats récents comme un modèle énergétique durable pour le développement du territoire métropolitain. Elle donne la priorité à l’accessibilité des services et des logements et favorise les transports publics et les circulations douces - vélo et marche. Inspiré du système polycentrique des villes allemandes, suisses et néerlandaises, ce concept s’inscrit dans la philosophie du développement durable puisqu’il intègre des notions environnementales : la lutte contre l’étalement urbain, la promotion de la diversité fonctionnelle et sociale, et les déplacements durables. Dans le contexte français, Strasbourg apparaît comme un cas d’étude exemplaire, dont la dimension transfrontalière et le positionnement dans le Rhin supérieur lui ont permis de se développer selon le système polycentrique des villes rhénanes. Du fait de la densité de ses pôles et du maillage fin de ses réseaux de transport, elle se structure comme une ville des courtes distances, destinée aujourd’hui plus que jamais à s’organiser autour de trois entités : le cœur métropolitain ; l’aire métropolitaine moins dense, mais avec une relative mixité des fonctions urbaines ; et les communes périphériques, organisées autour de pôles économiques ou de nœuds de transports en commun (PLU-EMS, tome 1, 2015). Dans une dynamique de transition énergétique, l’Eurométropole met également l’accent dans ses projets d’aménagement sur la qualité de vie, la part modale des transports en commun, notamment ceux liés au tramway, et le développement des activités économiques autour des pôles métropolitains denses.
Sur la base de notre domaine d’expertise et de la spécificité de notre objet, l’objectif principal de la recherche était de comprendre le potentiel en termes de ressources énergétiques - lié à la question des transports et de la mobilité - d’un système de développement métropolitain qui place les courtes distances, l’intermodalité et la densité (autour des gares) au cœur du projet. Plus précisément, les questions portaient à la fois sur l’efficacité énergétique (faire plus avec moins) des transports eux-mêmes dans les politiques de développement du territoire, et sur l’efficacité énergétique des déplacements (permettre l’évolution des comportements) dans le territoire vécu et pratiqué.
La recherche s’est articulée autour de trois axes d’investigation :
- Observations liées au thème de l’énergie dans le projet de territoire de l’Eurométropole de Strasbourg.
- Analyses historiques et spatiales du modèle de la ville des courtes distances tel qu’il apparaît à Strasbourg et, par contraste, dans d’autres métropoles mondiales.
- Analyse des infrastructures ferroviaires et des politiques de mobilité durable dans les scénarios territoriaux pour Strasbourg 2030.
L’hypothèse générale était que la ville des courtes distances peut être lue comme un modèle durable de développement territorial parce qu’elle combine la notion d’efficacité avec la notion de résilience. La question des transports et de la mobilité des personnes sous l’angle de la mobilité lente (notamment tramway, tram-train et TER) est considérée comme une ressource énergétique vitale d’un système de développement métropolitain qui place les courtes distances, l’intermodalité et la densité (autour des gares) au cœur du système. Cette hypothèse introduit et souligne l’importance de la relation entre énergie et projets territoriaux. Dans ce sens, l’équipe de recherche multidisciplinaire du projet a essayé de montrer comment l’intelligibilité du système lié à l’énergie des courtes distances doit être trouvée, non seulement dans le système lui-même (transport, infrastructure et mobilité ferroviaire dans ses principales composantes) mais aussi dans sa relation avec l’environnement (géographique, topologique, social, etc.).
