Ce nouveau numéro de Plateia mobilise des contributions essentiellement historiques qui éclairent le développement des écoles d’architecture mais surtout leur ancrage et positionnement dans des territoires géographiques et culturels comme dans des champs théoriques variés au fil du XXe siècle.
Dès 2013, l’ENSAS a été pionnière avec la publication d’une monographie historique fouillée, sous la direction d’Anne-Marie Châtelet et de Franck Storne, qui mettait en lumière l’histoire méconnue et les sources relatives au destin de son ancêtre, l’école régionale d’architecture. Celle-ci est singulière à plusieurs titres, notamment parce qu’elle fut créée dans le contexte du retour de l’Alsace à la France et, à l’origine, avec le soutien unique de l’État. Animée à l’origine par des grandes figures des services de l’Architecture et des monuments historiques, son lien au territoire se déploie particulièrement après 1945 mais aussi par-delà la rupture de 68, marquant l’autonomisation des écoles vis-à-vis de l’École des beaux-arts. Ainsi, les architectes formés en son sein jusqu’à nos jours participent tant à la transformation parfois profonde des paysages bâtis qu’à sa valorisation, tout en imaginant les possibles de son devenir.
L’organisation et la célébration du centenaire de la création de notre école l’an passé a permis de constater, dix ans après cette publication, que celle-ci a fait date et figure de modèle. En effet, ce travail a largement porté ses fruits au-delà du terrain local avec la mise en œuvre du programme de recherche HEnsA20, soutenu par le Comité d’histoire du ministère de la Culture et les publications, ces dernières années, de plusieurs autres monographies d’écoles d’architecture (Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Rennes et d’autres).
Forte d’une histoire riche et de cet ancrage régional singulier, la force de notre école relève aussi de son ouverture et attachement à d’autres dynamiques : la présence de nombreux enseignants et étudiants étrangers, l’internationalisation des parcours, le développement de doubles diplômes notamment franco-allemands, l’un avec la Technische Universität de Dresde et l’autre avec le Karlsruher Institut für Technologie -,ou le développement de la recherche au travers de deux laboratoires AMUP et ARCHE sont autant d’aspects qui sont venus enrichir considérablement nos formations et nourrir ainsi, le travail de futurs historiens !