Les études sur l’enseignement de l’architecture en France n’ont pas manqué ces dernières années, mais elles n’ont qu’incidemment pris pour sujet les élèves et les professeurs. Loin de l’histoire administrative ou de celle de la pédagogie, les textes ici réunis associent biographies et prosopographies pour donner un visage à celles et ceux qui ont fait vivre les écoles. Enquêter au-delà des souvenirs qui nous sont parvenus, comprendre ce qu’ont été ces hommes et ces femmes et mettre en perspective leur situation actuelle, tels sont les objectifs de cet ouvrage.
Le coeur de l’étude se situe à l’École des beaux-arts, sans aucun doute le plus réputé et le plus fréquenté des établissements de l’Hexagone. De 1900 à 1968, 13 000 élèves y ont été admis, et c’est à ces derniers qu’est dédié le premier chapitre, tandis que le second approche leurs enseignants, ceux de trois écoles provinciales et de leur tutelle parisienne. Autour de ce point central, la nuée des institutions satellites qui flirtaient avec l’enseignement de l’architecture témoigne de confrontations annonciatrices évoquées dans le troisième chapitre. Enfin, l’ouvrage aborde la question de la permanence et du renouvellement des établissements après 1968. Les défis sont multiples et toujours actuels: une forte évolution démographique, une nette progression de la recherche et des doctorats, ainsi que des dynamiques de féminisation et de ségrégation genrée.
Anne-Marie Châtelet est professeure d’histoire et de culture architecturales à l’Ensa de Strasbourg et membre du laboratoire ARCHE, Arts, civilisation et histoire de l’Europe (UR 3400), de l’université de Strasbourg.
Nathalie Lapeyre est professeure des universités en sociologie à l’université Toulouse Jean Jaurès, chercheuse au laboratoire CERTOP-CNRS, directrice de la Structure Collaborative de Recherche ARPEGE et co-directrice du réseau de recherches international MAGE.
Avec la collaboration d’Anne-Sophie Cachat-Suchet, architecte diplômée d’Etat, docteure en histoire de l’architecture et membre associée du laboratoire ARCHE de l’université de Strasbourg.