Mélanie GUENOT

Depuis les années 2000 et la stratégie européenne de Lisbonne, il est question d’orienter les activités de recherche et d’innovation en Europe vers une finalité de compétitivité économique (Bruno, 2008). Les cadres et conditions des pratiques de recherche évoluent en conséquence. En suivant cette même dynamique, l’émergence de “synergies nouvelles entre la recherche, la formation et les métiers” est encouragée au sein du milieu de l’architecture afin d’initier des pratiques de recherche et d’innovation au service de la profession et des défis qu’elle se doit d’affronter (SNA, 2015). Pour ce faire, une politique incitative est mise en œuvre et différentes réformes ont transformé le cadre et les conditions d’exercice des architectes, de la formation en architecture et des pratiques de recherche. Malgré les efforts produits, le recours aux dispositifs de droits communs prévus pour valoriser la recherche et l’innovation (CIR,CII,CIFRE) par les agences d’architecture est jugé insuffisant par les politiques. Afin d’éclairer ce constat, nous proposons d’interroger comment les agences d’architecture se positionnent vis-à-vis d’une recherche en architecture convoquée par les politiques publiques. Par là, nous cherchons à identifier les spécificités - prédispositions ou obstacles - professionnelles et organisationnelles qui influencent les stratégies et l’implication des agences par rapport à la recherche et l’innovation en architecture. Nous nous appuyons sur une série d’entretiens réalisés auprès d’architectes et sur la littérature consacrée à l’analyse de la profession, à la recherche en architecture - son histoire et ses débats - et à la sociologie des sciences.