Axes de Recherche

Le programme scientifique de l’AMUP accorde une attention particulière aux idées, théories et dispositifs urbains et métropolitains, situés à l’articulation entre l’architecture, les sciences sociales et les sciences de l’ingénieur. Il s’attache à rendre intelligible, pour la conception architecturale et urbaine, les dynamiques de transformation des territoires, leurs formes spatiales, les cultures urbaines, les modes de vie et les pratiques sociales qui y sont associés. Il explore les différents types d’urbanité exprimée par l’habitat et les lieux de la mobilité et accorde une attention particulière aux infrastructures socio-techniques et à l'accessibilité à la communication, à la mobilité et à l’énergie. 

Trois axes de recherche ont été définis de façon collégiale lors de l’élaboration du dernier projet scientifique et ont été portés avec détermination par les deux co-directeurs de l’équipe, Denis Bocquet et Florence Rudolf.  Deux thèmes parcourent ces trois axes de manière transversale : l’Europe transfrontalière et l’Art dans la ville. Le projet de la culture transfrontalière est lue sous l’angle des rapports interculturels qui s’établissent entre la France et l’Allemagne, la France et la Suisse ainsi que l’Italie. Le thème de l’économie de la créativité et de la place des artistes et des associations culturelles dans les processus de projets actuels s’applique à l’analyse des contextes métropolitains actuels et des dispositifs socio-spatiaux qui les composent.

 

Axe 1 : Conception architecturale et ingénierie : ambiances, dispositifs innovants et ville durable

Les recherches menées dans cet axe explorent comment les lieux, les acteurs, les usages, la forme, la matière, les rapports humains, les lumières, les conditions topologiques, climatiques, historiques, etc., participent aujourd’hui à l’acte de conception architecturale et à l’évolution du métier de l’architecte.

Penser et étudier le projet architectural à la fois comme processus et méthode d’investigation suppose une réflexion approfondie sur la conception architecturale en tant qu’acte complexe qui implique la maîtrise d’un maximum de paramètres inhérents à ce que porte ou doit porter un projet d’architecture. Ces paramètres sont contrastés dans la mesure où ils concernent à la fois des aspects artistiques, philosophiques, politiques et sociaux et des considérations extrêmement concrètes (la structure et la matière, les normes et les réglementations). C’est bien la complémentarité, l’interaction, l’adéquation entre ces divers paramètres qui garantissent, aujourd’hui plus que jamais, une forme de réussite au projet d’architecture. Ce premier thème de recherche a ainsi été l’occasion d’explorer comment les lieux, les acteurs, les usages, la forme, la matière, les rapports humains, les lumières, les conditions topologiques, climatiques, historiques, etc., participent aujourd’hui à l’acte de conception architecturale et à l’évolution du métier de l’architecte. Pour certains chercheurs, la compréhension de ces confrontations est un enjeu majeur : l’enquête systématique sur les limites et le trajet d'une doctrine ou d’un ensemble de concepts à l’œuvre au sein des processus de conception est le lieu privilégié de leurs expertises et travaux de recherches. D’autres chercheurs proches des sciences sociales explorent avec les praticiens de l’architecture et des arts plastiques et vivants la conception de dispositifs de connaissance innovants pour aller à la rencontre des urbanités inexplorées, orphelines ou décriées. Quant aux chercheurs proches des sciences de l’ingénieur, ils explorent dans ce thème la résilience énergétique des bâtiments et des quartiers, ainsi que l’innovation et le transfert de technologies ou de connaissances dans le domaine des énergies renouvelables. Leurs recherches ont visé à développer une modélisation architecturale, constructive ou technique pour, d’une part, réduire la consommation énergétique des bâtiments et pour, d’autre part, favoriser dans le secteur du bâtiment la transition énergétique vers les énergies renouvelables, en particulier à partir du solaire et de la géothermie. En synergie avec les compétences de partenaires privés ou publics, l’équipe souhaite accélérer le processus de recherche et de développement de solutions technologiques et organisationnelles innovantes et économiquement viables.

 

Axe 2 : Métropolisation, urbanités et cultures de l'habiter

Cet axe vise à comprendre les images, les figures et les récits porteurs de sens au niveau du projet de l’espace métropolitain :

  • les grandes stratégies et les projets sectoriels qui marquent l’évolution métropolitaine ;
  • les processus novateurs en termes de dialogue entre acteurs ;
  • le rôle des infrastructures liées à la mobilité dans l’évolution des grands territoires métropolitains ;
  • l’espace habité et son organisation à différentes échelles

Contexte scientifique

Dans les recherches liées à ce thème, l’équipe a visé à comprendre les images, les figures et les récits porteurs de sens au niveau du projet de l’espace métropolitain. Les chercheurs ont questionné les scénarios territoriaux à l’œuvre et ont analysé la métropole à la fois en tant qu’espace connecté et dominé par des flux de la mobilité citoyenne et en tant qu’espace politique, riche en significations démocratiques, culturelles et d’usage. Les métropoles de la dernière génération sont souvent définies comme des “îles métropolitaines”, fortement connectées entre elles et formant un archipel de “villes globales”. Cependant, la métropole se définit en parallèle aussi comme un lieu culturel, d’innovation, de création, d’impulsion et de créativité, ayant une forte identité locale. Cette définition, chère à l’équipe, se rapproche de l’acception donnée en Allemagne au mot métropole, employé quasiment comme synonyme de Weltstadt : “ville monde”, à l’articulation entre les dimensions globale et locale. Les chercheurs analysent dans cet axe les nouvelles manières de faire et de voir les territoires métropolitains à l’ère du changement climatique et de la transition énergétique : à la fois les projets qui s’appuient sur les nouvelles technologies (projets numériques, smart city...) et les projets artistiques (villes créatives, installations paysagères urbaines et rurales) capables de tisser de nouveaux liens entre les différents secteurs urbains (quartiers d’habitat, friches et lisières en rénovation, secteurs d’infrastructures dédiées à la mobilité, etc.). Comme pour le premier axe, les acteurs étudiés sont des groupes, ou des concepteurs seuls, se servant de l'architecture comme un outil de construction en lien avec des institutions et des structures avec des intérêts divers (organismes municipaux, groupes pluridisciplinaires, associations artistiques, groupes de citoyens, collectifs, etc.).
Afin de comprendre les outils, dispositifs et processus à l’œuvre dans le projet métropolitain, les objectifs de cet axe de recherche ont été les suivants :

  • Analyser à la fois les grandes stratégies et les projets sectoriels qui ont marqué l’évolution métropolitaine au cours de ces trente dernières années, avec un regard particulier sur la planification transnationale du Rhin supérieur.
  • Analyser les processus novateurs en termes de dialogue entre acteurs qui ont permis la naissance de « scènes hybrides » d’échange et de discussion, en particulier avec la population.
  • Analyser le rôle des infrastructures liées à la mobilité dans l’évolution des grands territoires métropolitains et leur capacité à créer de l’urbanité à l’échelle locale.
  • Comprendre l’espace habité et son organisation à différentes échelles géographiques - édifices, îlots, quartiers, villes, territoires - mais aussi à différentes échelles socio-historiques.

La forme participative, souvent au cœur de ces démarches, a été interrogée ainsi que les interactions et les conflits entre des projets institutionnels et des projets alternatifs ou plus contestataires. S'intéresser à ces processus revient à prendre en compte les effets d’hybridation et les métissages entre différents domaines de connaissances et de pratiques urbaines.

Originalité

Redéfinition des outils conceptuels liés au projet de l’espace métropolitain. Analyse de l’impact des infrastructures de la mobilité sur les territoires métropolitains actuels (métropole du Rhin supérieur et métropoles asiatiques). Participation à l’élaboration d’outils d’aide à la décision dans une dimension transfrontalière. Intérêt pour des approches artistiques ou plus largement “créatives” et leurs interactions avec des espaces physiques (ville, paysage) existants ou projetés, et des espaces sociaux. Recherches et actions en lien avec les acteurs politiques et les techniciens de l’Eurométropole de Strasbourg élargis aux acteurs économiques, dans l’élaboration de territoires durables, post-carbones et résilients. Décloisonnement entre savoirs et savoir-faire. Dépassement des difficultés de communication des résultats scientifiques et de co-construction des scénarios de projet avec les acteurs territoriaux.

 

Axe 3 : Histoire des formes spatiales et sociales : genèse, théories et configurations

Contexte scientifique

Ce thème interroge les formes spatiales et sociales en les inscrivant dans la longue durée et à partir de la focale de différentes disciplines : l’histoire, la géographie, l’archéologie, l’architecture, la sociologie, la philosophie. Depuis les années 1960 et l’émergence du débat sur l’architecture urbaine comme champ disciplinaire, l’analyse des formes spatiales à l’échelle urbaine a fait l’objet de nombreuses positions théoriques qui définissent autant de courants de pensée dans lesquels on peut lire l’apport de différentes approches. Dans cet axe, les recherches se proposent, d’une part, de comprendre la prégnance de ces théories d’analyse de l’architecture dans sa relation à la ville et, de l’autre, de définir de nouvelles méthodologies de lecture des tissus urbains et des objets architecturaux hérités de l’histoire. Les recherches se sont focalisées sur l’échelle urbaine adoptant des approches de type “morphologique”, “archéologique” et “politico-philosophique”. Si la ville s'est transformée pendant longtemps sur elle-même, au cours de la deuxième moitié du XXe siècle elle a eu tendance à évacuer ses vestiges devenus caducs et s'est reproduite par effacement des états antérieurs, donc en limitant fortement le phénomène de surhaussement qui caractérisait la phase précédente. Lors de la première phase, la reconstruction “sur elle-même” a eu pour conséquence le développement d'un savoir très particulier et peu étudié jusqu'ici, celui de la réutilisation des états existants. A Strasbourg, par exemple, ce savoir s'affirme avec éclat dès les premières manifestations de l'architecture savante ou vernaculaire et perdure dans des projets relativement récents comme celui de la Grande Percée (1906-1930), le dernier grand projet urbain intramuros de Strasbourg. Si certains chercheurs ont approfondi cette démarche dite “archéologique” d’analyse des projets urbains, d’autres ont étudié l’évolution des tissus urbains à partir de la relecture des œuvres de géographes allemands et français, ainsi que des projets d’urbanisme et d’aménagement formant l’outillage théorique et pratique pour aménager la métropole du Rhin supérieur à partir des années 1930. Dans ces travaux, plutôt centrés sur des démarches de type “morphologique” l’acception du terme “projet métropolitain” prend une connotation différente selon le contexte culturel : elle renvoie aux modèles de planification urbaine ou régionale de la Stadtlandschaft, côté allemand, et du “modèle rhénan”, côté français. Enfin, d’autres chercheurs plus attachés à une approche “politico-philosophique”, ont centré leurs recherches sur les notions et les démarches liées aux “laboratoires d’art urbain” au cours du XXe siècle. Les chercheurs se sont proposés de mettre en évidence ces démarches, théories et processus qui ont permis à la ville de se transformer par adaptation et réutilisation des strates anciennes, voire par leur juxtaposition, ou même destruction.

Originalité

Approche historique et philosophico-politique dans l’analyse des formes urbaines. Mise à jours des théories de la morphologie et de la morphogénèse urbaine. Travail approfondi sur les théories sous-jacentes au champ disciplinaire de l’architecture urbaine. Analyse de la spécificité des formes spatiales et sociales de la ville de Strasbourg dans son rapport à l’évolution d’autres métropoles. Dépassement des faiblesses théoriques du champ disciplinaire de l’architecture urbaine. Décloisonnement des disciplines qui traitent du développement de la ville et des territoires (histoire, géographie, architecture urbaine, gouvernance politique, etc.).

Principaux évènements

ZIEGLER Volker : autour de l'exposition Interférences/Interferenzen. Architecture, Allemagne- France, 1800-2000 : nombreuses conférences, communications, visites guidées, interviews télé et radio (France 3 Alsace, Deutsche Welle, Südwestrundfunk, Saarländischer Rundfunk), conception et modération d'un cycle de conférences au Mamcs (Strasbourg), en partenariat avec l'Ensas, le Goethe Institut de Strasbourg et le DAM de Francfort, entre 2013 et 2016.
ZIEGLER Volker : proposition, organisation et co-présidence (avec Klaus Tragbar) de la Third paper session Changing identities? Planning & Building in Border Regions, a difficult European heritage, 4e conférence internationale, European Architectural History Network (EAHN), Dublin, 2-4 juin 2016.
PIGNOL Alexandra : autour du travail de l’artiste David Diao et du collectif Stalker, Laboratorio di arte urbana, colloques et expositions co-organisés avec l’équipe de recherche en arts EA 3402 de l’Université de Strasbourg, 2014-2016. Liée à ces colloques et expositions, édition d’un ouvrage collectif bilingue (F/Ang), David Diao, sous la direction de Stéphane Mroczkowski et Alexandra Pignol, aux Presses Universitaires de Rennes, 2014.
MAZZONI Cristiana, BORGHI Roberta, D'EMILIO Luna et GRIGOROVSCHI Andreea : organisation de conférences et séances de débat sur les Cultures et processus du projet architectural et urbain, en lien avec les thèses de doctorat, pour la période 2012-2015. Co-publication de nombreux articles et livres sur la mise à jour des outils appartenant au champ de l’architecture urbaine, organisation du colloque international à Rome Riprogettare l’esistente. Idee per uno sviluppo senza consumo di territorio, Université de Rome la Sapienza, 14 octobre 2013. Liée à ce colloque : coordination scientifique du numéro monografique de la revue Trasporti & Cultura n°36.